Editorial

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“Ce n’est pas moi, c’est elle…”
FA et insuffisance cardiaque : laquelle des deux est-elle la conséquence de l’autre ?

En Europe, la fibrillation atriale affecte près de 4,5 millions d’individus. Fréquent, ce trouble du rythme engendre de lourdes conséquences puisqu’il accroît très significativement le risque d’accident vasculaire cérébral embolique, réduit l’espérance de vie et impacte fréquemment la qualité de vie des patients. Fibrillation atriale et insuffisance cardiaque sont par ailleurs étroitement liées. D’abord parce que cette arythmie, en faisant disparaître la systole atriale et en désynchronisant oreillettes et ventricules, peut favoriser l’évolution, à plus ou moins long terme, vers l’insuffisance cardiaque. Ensuite, parce qu’il est fréquent de voir un patient insuffisant cardiaque développer une fibrillation atriale qui viendra par la suite réduire encore davantage une fraction d’éjection déjà altérée. Ainsi, jusqu’à 40 % des insuffisants cardiaques sont en fibrillation atriale.

Traditionnellement, l’approche thérapeutique de la fibrillation atriale, en dehors de l’anticoagulation, le plus souvent nécessaire, consiste en l’administration de médicaments visant à régulariser le rythme ou à ralentir la fréquence cardiaque. L’ablation constitue toutefois le seul traitement curatif de cette arythmie. S’il existe de nombreuses études cliniques attestant des avantages à court terme de l’ablation sur les symptômes, la fonction cardiaque et la qualité de vie des patients, les données sur le plus long terme manquent. Dans ce domaine, la publication récente de l’étude CASTLE-AF vient de relancer les débats sur l’intérêt de cette technique chez l’insuffisant cardiaque atteint de ce trouble du rythme.

Il est admis que, dans le cas de fibrillation atriale avec une insuffisance cardiaque récente, il faut s’évertuer à rétablir autant que possible le rythme sinusal, si nécessaire par ablation. Chez certains patients, la dysfonction systolique ventriculaire gauche va ainsi disparaître après retour au rythme sinusal, amenant à poser à postériori le diagnostic de tachy-cardiomyopathie. Pour les autres, porteurs d’une cardiopathie structurelle sous-jacente, on améliorera malgré tout la fonction systolique ventriculaire gauche, souvent de façon significative. Une étroite collaboration entre le rythmologue et le spécialiste de l’insuffisance cardiaque paraît donc essentielle, d’une part pour traiter l’événement rythmique ou hémodynamique, mais également pour sensibiliser la communauté médicale et la population à l’importance du dépistage et de la prise en charge de cette arythmie afin de prévenir l’évolution vers une tachy-cardiomyopathie ou l’aggravation d’une cardiopathie préexistante. C’est dans cet esprit que nous avons construit ce dossier de Réalités Cardiologiques[...]

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À propos de l’auteur

Département de Rythmologie, Clinique Pasteur, Toulouse.