Leucémies et grossesse, aspects thérapeutiques et pronostiques

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L’association leucémie aiguë et grossesse est une situation rare mais grave, posant des problèmes intéressant le gynécologue-obstétricien, l’hématologue, ainsi qu’éventuellement et dans le meilleur des cas le pédiatre [1-4]. La prévalence de la leucémie associée à la grossesse est d’environ 1 cas sur 10 000 grossesses. Il s’agit en majorité de leucémies aiguës myéloïdes (LAM, 60 % des cas), puis de leucémies aiguës lymphoïdes (LAL, 30 % des cas), de leucémies myéloïdes chroniques (LMC, 10 % des cas) et de très rares leucémies lymphoïdes chroniques (LLC, moins de 1 % des cas) (fig. 1) [5, 6].

Le caractère de grande rareté de cette association est dû :

– à l’âge moyen de survenue de la plupart des leucémies, bien plus élevé que l’âge moyen de survenue de la grossesse ;

– à la rareté même des leucémies, dont l’incidence globale est de très loin inférieure à celle du cancer du sein par exemple.

Cette rareté explique l’absence de grandes études prospectives concernant le diagnostic et la prise en charge thérapeutique de la patiente, mais aussi le suivi du devenir de l’enfant. La plupart de nos connaissances reposent donc sur des cas cliniques ou de petites séries rétrospectives. La plupart des drogues utilisées en chimiothérapie ont des poids moléculaires faibles (200 à 400 kDa) qui leur permettent donc un passage transplacentaire. Néanmoins, nous ne disposons que de peu de données sur le passage transplacentaire des drogues ainsi que sur la pharmacocinétique de ces drogues chez l’embryon ou le fœtus humains. Enfin, les données de tératogénicité chez l’animal correspondent souvent à des concentrations supérieures à celles observées en thérapeutique chez l’Homme. L’ensemble de ces remarques explique que l’attitude thérapeutique devant l’association leucémie et grossesse repose plus sur des avis d’experts que sur des recommandations liées à des données issues d’essais randomisés ou d’études prospectives [7-9].

Le traitement d’une femme enceinte souffrant de leucémie peut être associé à une grande morbidité fœtale, liée à la fois au traitement et à la pathologie sous-jacente, allant jusqu’à la mort fœtale ou à de graves malformations. Cela pose donc un défi difficile à relever tant pour la patiente que pour les spécialistes hématologues et obstétriciens. La chimiothérapie pendant le premier trimestre est associée à un risque accru de malformations congénitales. Toutefois, ce risque diminue à mesure que la grossesse avance. Il faut donc d’emblée distinguer la prise en charge de la leucémie aiguë, urgence thérapeutique absolue nécessitant un traitement dans les jours qui suivent le diagnostic, de celles des leucémies chroniques et affections apparentées (syndromes myéloprolifératifs) dont la prise en charge présente un degré d’urgence très inférieur.

Lorsque[...]

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À propos de l’auteur

Université d’Aix-Marseille, TAGC/Unité Inserm U928, Hôpital La Conception, Service d’Hématologie, MARSEILLE.