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Les limites de la raison (suite) : quand la mémoire s’efface, l’histoire recommence

“… nous devons accepter une vérité fondamentale :
nous sommes tous le produit d’une époque et d’un lieu particuliers.”
Dans Laurence Rees, La pensée nazie. Éditions Arpa, 2025, 546 p.

J’ai interrompu il y a déjà plusieurs mois une série d’articles sur “Les limites de la raison”. Cette série parlait entre autres de biais cognitifs et proposait une synthèse de divers ouvrages de psychosociologie. Après plusieurs billets consacrés à la déferlante “intelligence artificielle”, il m’a semblé utile, au prisme de diverses lectures récentes et de l’actualité, de reprendre cette série où elle s’était arrêtée.

Dans ce billet, nous allons voir, à travers quelques exemples, que la vérité est complexe, qu’il est facile de la travestir, et que de ne pas faire preuve d’esprit critique peut conduire à ce que l’histoire recommence dans ses aspects les plus dramatiques.

Comptes rendus : American College of Cardiology 2010
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Lors de l’ACC et dans les semaines qui ont précédé et suivi le congrès, plusieurs publications ont évalué l’apport de l’évaluation de la variabilité tensionnelle comme marqueur de risque cardiovasculaire. Fait plus original, lors de l’ACC et dans une publication du Lancet, une étude de la variabilité tensionnelle a indiqué que l’effet de traitements antihypertenseurs sur ce paramètre pouvait être corrélé à l’effet clinique de ces traitements.

Cardiologie interventionnelle
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Trois études, ARMYDA-ACS, NAPLES II et ARMYDA-RECAPTURE, démontrent l’efficacité de l’administration d’atorvastatine 80 mg avant une angioplastie coronaire, avec notamment une réduction significative des infarctus du myocarde postprocédure.
Cet effet bénéfique est précoce et s’explique probablement par les effets pléiotropes de la molécule. Elle s’observe même si les patients étaient sous statines avant le geste d’angioplastie. Ces données plaident pour l’administration systématique d’atorvastatine 80 mg avant toute angioplastie coronaire.

Insuffisance cardiaque
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Les peptides natriurétiques sont devenus des marqueurs biologiques de pratique courante, le clinicien ayant actuellement le choix entre BNP ou NT-proBNP. Il est donc important de connaître les différences essentielles entre ces deux marqueurs pouvant retentir sur la pertinence de leur utilisation [1].

Mise au point
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La fibrillation atriale est une arythmie très fréquente dont le rôle pronostique est probablement sous-estimé depuis longtemps.
C’est un trouble du rythme qui, le plus souvent, n’est pas isolé. Il est fréquemment associé à une cardiopathie ou à un marqueur de risque cardiovasculaire reconnu. Cela est particulièrement vrai pour l’hypertension artérielle. Cette association très fréquente explique pourquoi il a été difficile de reconnaître le rôle potentiellement délétère de la fibrillation atriale à elle seule. Le risque thrombo-embolique, bien identifié dans la FA, n’explique pas à lui seul cet effet.
De nombreuses études ont montré que la FA était bien un marqueur indépendant de morbi-mortalité cardiovasculaire et cela même en excluant le risque d’accidents thrombo-emboliques. Cela doit nous amener à changer notre vision sur la FA et surtout sur la prise en charge des patients avec FA. Notre traitement ne doit pas se limiter à régler un problème d’arythmie, il doit chercher à optimiser la prise en charge globale d’un patient avec des facteurs de risque cardiovasculaire comprenant la FA.

Insuffisance coronaire
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L’association d’un AVK et d’un ou deux antiagrégants plaquettaires est fréquente, environ 40 % des patients prenant un AVK, le plus souvent du fait de la concomitance d’une condition justifiant un traitement AVK et d’une autre condition justifiant un traitement antiagrégant plaquettaire. Mais il y a aussi des recommandations d’association AVK-antiagrégant plaquettaire dans certaines situations, notamment chez les porteurs de prothèse valvulaire mécanique selon les recommandations américaines.
On ajoute parfois aussi un antiagrégant plaquettaire à un traitement AVK lorsqu’il y a eu un événement thrombo-embolique alors que l’INR était adéquat. L’article passe en revue les diverses recommandations.

Revues générales
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L’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) est devenue dans les pays ayant accès au traitement antirétroviral hautement efficace disponible au milieu des années 90, une maladie chronique. C’est ainsi que la morbi-mortalité de ces patients a diminué de façon spectaculaire dans les pays industrialisés. Parallèlement, des complications cardiométaboliques secondaires au traitement antirétroviral sont apparues, pouvant accélérer l’athérosclérose et favoriser les événements coronaires aigus (infarctus du myocarde). Nous sommes passés de complications cardiovasculaires liées à l’état d’immunodépression (myocardite, péricardite) à des complications liées aux troubles cardiométaboliques secondaires à ce même traitement antirétroviral. Les causes cardiovasculaires sont devenues la 3e cause de décès parmi les patients infectés par le VIH et traités.

Passerelles
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Dans le glaucome comme ailleurs, la course aux scoops ne faiblit pas ! Elle est le plus souvent décevante, mais chaque année vient apporter des pierres supplémentaires à la compréhension de la maladie et aux dilemmes cliniques et thérapeutiques. Les centaines d’articles livrés rendent impossible bien entendu une synthèse exhaustive, et il y a comme toujours des livraisons d’importance majeure dans la littérature savante… et certaines plus petites, plus confidentielles, et parfois savoureuses.

Passerelles
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La ménopause est une période de transition qui concerne un nombre croissant de femmes. Elle est caractérisée par des modifications physiologiques et psychologiques susceptibles d’accroître le risque cardiovasculaire, le risque d’ostéoporose et le risque de déclin cognitif. Sont abordés successivement les facteurs nutritionnels et les recommandations alimentaires permettant de réduire le risque de survenue de ces pathologies. Une prévention nutritionnelle est donc possible même si elle n’est pas une “garantie”. Les conseils alimentaires sont simples et accessibles, mais leur effet est renforcé par une activité physique régulière.

Passerelles
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De nombreux médicaments peuvent favoriser une prise de poids. Ils sont rarement responsables d’une obésité,mais jouent un rôle favorisant sur un terrain prédisposé. Les plus fréquemment en cause en pratique courante sont les corticoïdes, les neuroleptiques et antidépresseurs, certains antidiabétiques oraux et l’insuline, ainsi que certains antihypertenseurs. Des idées fausses circulent également, notamment sur la responsabilité des traitements hormonaux, qui sont loin d’entraîner obligatoirement un gain pondéral. Les mécanismes expliquant la prise de poids sont variés, et celle-ci n’est pas systématique.