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Les limites de la raison (suite) : quand la mémoire s’efface, l’histoire recommence

“… nous devons accepter une vérité fondamentale :
nous sommes tous le produit d’une époque et d’un lieu particuliers.”
Dans Laurence Rees, La pensée nazie. Éditions Arpa, 2025, 546 p.

J’ai interrompu il y a déjà plusieurs mois une série d’articles sur “Les limites de la raison”. Cette série parlait entre autres de biais cognitifs et proposait une synthèse de divers ouvrages de psychosociologie. Après plusieurs billets consacrés à la déferlante “intelligence artificielle”, il m’a semblé utile, au prisme de diverses lectures récentes et de l’actualité, de reprendre cette série où elle s’était arrêtée.

Dans ce billet, nous allons voir, à travers quelques exemples, que la vérité est complexe, qu’il est facile de la travestir, et que de ne pas faire preuve d’esprit critique peut conduire à ce que l’histoire recommence dans ses aspects les plus dramatiques.

L’Année cardiologique 2012
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L’année 2012 est l’occasion de fêter le 10e anniversaire de la première implantation de valve aortique percutanée réalisée le 16 avril 2002 au CHU de Rouen par Alain Cribier et son équipe [1]. Cette innovation majeure française [2, 3] se voit consacrée par la publication dans le prestigieux New England Journal of Medicine du Registre français des valves aortiques percutanées, le Registre FRANCE 2 [4]. Les années 2010-2011 ont été marquées par la publication de l’étude randomisée américaine PARTNER [5-7] et l’accord de la Food and Drug Administration pour l’implantation des valves aortiques percutanées (Edwards Lifesciences) chez les patients inopérables.

L’Année cardiologique 2012
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L’année 2011 en rythmologie a été dominée par la publication de grands essais sur le traitement antithrombotique de la fibrillation atriale par les nouveaux anticoagulants et de l’étude PALLAS concernant la dronédarone. Tous les médias médicaux s’en sont largement fait l’écho et de nombreux articles ont été consacrés à ces sujets importants de sorte que, pour éviter toute redondance, ils ne seront pas développés ici. D’autres sujets d’intérêt sur la FA, la resynchronisation ventriculaire, le syndrome de Brugada, le syndrome de repolarisation précoce et les tachycardies ventriculaires catécholergiques seront abordés dans cet article.

Hypertension artérielle
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Le non-contrôle tensionnel chez les hypertendus traités touche en France un hypertendu sur deux
Les données chiffrées concernant le nombre d’hypertendus en situation d’HTA résistante, c’est-à-dire qui ne sont pas contrôlés lorsque les moyens thérapeutiques usuels sont utilisés, ne sont pas bien connues, en particulier des autorités sanitaires en France. Cette situation est la conséquence de la pauvreté des données épidémiologiques concernant la population des sujets traités pour une hypertension artérielle en France, mais aussi de la difficulté de définir la situation de “l’HTA résistante”.

Insuffisance coronaire
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Registres et études randomisées
Pas de nouvelle étude randomisée dans l’angor stable depuis les importants résultats de l’étude SYNTAX, mais la publication des résultats à moyen terme d’études “anciennes” ou de re-gistres importants. Ainsi, lors du dernier -congrès européen de Paris, une communication de H. Shiomi, issue de l’étude Credo-Kyoto, souligne une fois de plus le hiatus entre les études randomisées sélectionnant un certain type de patients parfois restreint par rapport à ceux traités dans la vraie vie, que reflètent mieux les registres. En combinant le critère primaire composite majeur des décès, infarctus et AVC, la chirurgie fait mieux que l’angioplastie (HR : 1,47 ; IC 95 % : 1,13-1,92 ; p = 0,04) à 3 ans chez les patients tritronculaires, y compris dans les sous-groupes avec un score Syntax peu élevé (utilisé ici également rétrospectivement). Dans cette population de 2 981 tritronculaires, 1 825 patients ont été traités par angioplastie et 1 156 par pontage dans les années 2005-2007. Cette population est pourtant plus âgée que dans l’étude SYNTAX (70 vs 65 ans).

Allergie
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La distinction entre vraies et fausses allergies alimentaires, introduite dès 1983 par D.A. Moneret-Vautrin et C. André, reste toujours d’actualité. En effet, des symptômes identiques peuvent aussi bien relever d’une allergie immédiate IgE-dépendante, documentée par une exploration allergologique positive, que d’une fausse allergie, suggérée principalement par l’enquête alimentaire catégorielle. Les symptômes des fausses AA sont cutanés (eczéma, urticaire, angio-œdème, syndrome d’allergie orale), plus rarement respiratoires (toux, sifflements, asthme) ou digestifs (nausées, vomissements, diarrhée), mais le choc (histaminique) n’est pas absent. Les causes des fausses AA sont nombreuses : histamino-libération non spécifique, surchage en histamine, intolérance à la tyramine et à la phényléthylamine, intolérance aux benzoates, intolérance aux nitrites, intolérance à l’alcool. Leur prévention repose sur l’adoption d’une alimentation saine et équilibrée.