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Les limites de la raison (suite) : quand la mémoire s’efface, l’histoire recommence

“… nous devons accepter une vérité fondamentale :
nous sommes tous le produit d’une époque et d’un lieu particuliers.”
Dans Laurence Rees, La pensée nazie. Éditions Arpa, 2025, 546 p.

J’ai interrompu il y a déjà plusieurs mois une série d’articles sur “Les limites de la raison”. Cette série parlait entre autres de biais cognitifs et proposait une synthèse de divers ouvrages de psychosociologie. Après plusieurs billets consacrés à la déferlante “intelligence artificielle”, il m’a semblé utile, au prisme de diverses lectures récentes et de l’actualité, de reprendre cette série où elle s’était arrêtée.

Dans ce billet, nous allons voir, à travers quelques exemples, que la vérité est complexe, qu’il est facile de la travestir, et que de ne pas faire preuve d’esprit critique peut conduire à ce que l’histoire recommence dans ses aspects les plus dramatiques.

Billet du mois
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Lors d’un congrès, j’ai eu la chance de pouvoir discuter avec le Pr Iradj Gandjbakhch, autour d’un petit déjeuner, sous le soleil tunisien. Langueur printanière aidant, entre les dattes et les abricots, nous avons parlé de ce qui avait constitué les progrès importants de la cardiologie lors des dernières décennies. Quelle ne fut pas ma surprise d’entendre le Pr Gandjbakhch dire qu’“en cardiologie, depuis une quarantaine d’années, s’il y a des progrès, ceux-ci constituent des avancées utiles, mais non des ruptures, c’est-à-dire que ces progrès ne sont plus des évolutions majeures.

Insuffisance coronaire
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Les progrès concernant la thrombose coronaire ont été tout simplement spectaculaires au cours des 20 dernières années. Ils ont concerné tous ses aspects, allant de la connaissance fondamentale en passant par les biomatériaux, les biomarqueurs, les traitements pharmacologiques et l’organisation des essais thérapeutiques jusqu’à la prise en charge pratique. C’est très probablement le domaine le plus actif de la recherche en cardiologie de ces deux décennies.

Diabète et Métabolisme
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Au terme de 20 ans d’essais cliniques importants, les statines sont devenues une classe thérapeutique majeure de la prévention du risque cardiovasculaire. Leur utilisation doit être de première intention dès que le niveau de risque cardiovasculaire le justifie, et certaines indications donnant droit à remboursement sont en faveur d’une utilisation indépendante de la valeur des paramètres lipidiques au-delà d’un certain niveau de risque.

Rythmologie
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Les 20 ans qui viennent de se dérouler ont tout changé dans la rythmologie ! En effet, il y a 20 ans, nous disposions des résultats de l’étude CAST [1], qui avait indiscutablement constitué un réel tremblement de terre, non seulement dans le milieu de la rythmologie mais également chez les cardiologues, voire même chez les pharmacologues cliniciens.
Depuis 20 ans, tout a changé, la rythmologie n’a plus le même visage. Elle était il y a 25 à 30 ans un domaine hyperspécialisé, l’apanage de quelques individus considérés par le reste des cardiologues comme quelque peu… ésotériques. La sous- (ou plutôt sur- !) spécialité était alors naissante. Aujourd’hui, la rythmologie est installée au cœur de la cardiologie, avec la prise en charge de pathologies aussi répandues que la fibrillation atriale ou l’insuffisance cardiaque.