Les valvulopathies au benfluorex : histoire d’un glissement étiologique et sémiologique

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Avec la diffusion des antibiotiques, le rhumatisme articulaire aigu (RAA) ou maladie de Bouillaud (critères diagnostiques de Jones) disparaissait des services de Pédiatrie français à partir des années cinquante jusqu’à devenir une maladie considérée comme “virtuelle” dans les années quatre-vingt-dix. En phase aiguë, le RAA peut être responsable (50 % chez l’enfant et 33 % chez l’adulte) de fuites mitrales “endocarditiques” avec dilatation annulaire, élongation de cordages et prolapsus du feuillet antérieur, ainsi que de myopéricardites. Les anomalies valvulaires disparaissent dans environ 2/3 des cas.

En l’absence d’antibioprophylaxie, après des accès répétés de RAA, la sténose mitrale devient prévalente chez l’adulte avec épaississement des feuillets, fusions commissurales, rétraction et fusion des cordages et enfin calcifications (fig. 1). La maladie aortique, souvent sténosante et fuyante, est très fréquemment associée à une maladie mitrale. La sténose tricuspide et l’insuffisance aortique (IA) rhumatismale pure isolée sont très rares. Il est important de souligner que l’arthrite réactionnelle post-streptococcique n’est pas associée à un risque accru de valvulopathie.

La commercialisation des anorexigènes

Les propriétés anorexigènes de la norfenfluramine (métabolite actif des fenfluramines comme du benfluorex, dérivés de l’amphétamine) ont été démontrées chez le rat dès 1974 [1, 2] ; la fenfluramine (Pondéral, Pondimin) et son isomère dextrogyre la dexfenfluramine (Isoméride, Redux) sont commercialisées dans le monde à partir des années soixante.

Des cas, puis des séries d’HTAP associées aux fenfluramines faisant écho à “l’épidémie” d’HTAP sous aminorex en 1970, sont rapportés dès 1981. En 1997, un an après la mise du Redux sur le marché américain, Heidi Connolly publie une série de 24 patientes traitées par fenfluramine (associée à la phentermine) et atteintes de valvulopathies droites et/ou surtout gauches, inhabituelles, parfois sévères, nécessitant des remplacements valvulaires [3]. Les aspects échographiques sont proches de ceux des valvulopathies tricuspidiennes associées aux syndromes carcinoïdes avec un épaississement[...]

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À propos de l’auteur

CHU de Grenoble et membre du collège benfluorex de l’ONIAM, CHU de BREST. Groupement des Hôpitaux de l’Université catholique de Lille et CHU d’AMIENS.